Être technique oui, mais ce n’est pas une obligation.
Dossier
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Comment se lancer dans le RAP ?
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Partie 2

Être technique oui, mais ce n’est pas une obligation.

Être technique oui, mais ce n’est pas une obligation.

Être technique oui, mais ce n’est pas une obligation

Maintenant que nous avons le bon état d’esprit, il faut commencer à cogiter sur ce que nous allons proposer comme contenu. Nous avons vu qu’il est très important d’apporter quelque chose de nouveau pour capter l’auditeur afin de sortir du lot et d’apporter son propre univers. Au-delà de cet objectif, il est intéressant de se demander quelle est la place que l’on compte donner à la “technique” (multisyllabiques, assonances, allitérations, changement de flows, figures de style, double sens…) Bref tout ce qui fait le RAP à la base, au sein de notre univers musical en construction.

Tout d’abord, avant de parler d’être un rappeur “technique”, il faut déjà commencer à savoir “poser”. Ça reste la base, car on ne peut pas se prétendre rappeur, si l’on ne sait pas poser un flow (même basique) sur une prod. Passer ce stade, il est intéressant de se demander si l’on compte axer notre travail (et donc notre plus-value pour le public) sur le perfectionnement de notre technique ou bien par d’autres aspects artistiques.

La RAP étant une compétition, la suite logique des choses voudrait que le rappeur se perfectionne essentiellement sur sa technique pour devenir meilleur que les autres et ainsi décrocher le trône. Mais le RAP n’est pas qu’une compétition, c’est aussi (et surtout) une musique, et le rappeur peut donc être amené à perfectionner plutôt sa voix, ses mélodies, le choix des prods…

Car comme vu précédemment, il ne suffit plus d’être un bon rappeur pour percer, mais aujourd’hui l’inverse est aussi vrai, puisque de nombreux “rappeurs” qui ont percé, ne sont en réalité, pas de grands MC’s au micro.

Commencer par la base, la Bomb Bap

Si l’on veut faire le choix de la technique, le meilleur conseil que l’on puisse donner, c’est d’abord de faire ses armes sur de la “Boom Bap”, qui correspond à ce qu’un néophyte pourrait appeler vulgairement “du RAP à l’ancienne”. La Boom Bap se caractérise généralement par des BPM autour des 90, des boucles de basses et de batteries (dont elle tient son nom) et des samples à gogos.

Pour faire simple, ce sont des prods à la construction assez simple, qui laissent énormément de place au rappeur, qui peut bien souvent appréhender la prod de plusieurs manières différentes, et donc y montrer tout l’étendue de son talent.

Mais ce sont aussi par conséquent des prods complexes sur lesquelles poser, car il n’y a pas de filet de sécurité, étant donné qu'il y a très peu d’éléments sur lesquels se raccrocher. En effet, si le rappeur est à contre-temps, cela va se voir tout de suite, et ce sera d’autant plus préjudiciable étant donné que l’intérêt de la Boom Bap va résider essentiellement sur les performances du rappeur plus que de la prod. La Boom Bap est donc le sous-genre de RAP le plus exigeant pour le rappeur, mais c’est aussi sans doute le plus emblématique et le plus respecté, car si l’on pose parfaitement dessus, on saura poser sur à peu près n’importe quoi.

On le voit d’ailleurs avec des rappeurs comme Luv Resval (RIP), Freeze Corleone, Gazo, Nekfeu, Caballero… Qui ont tous commencé à rapper sur de la Boom Bap, et qui sont bien plus à l’aise pour après poser sur de la trap, drill… Ce qui n’est pas du tout le cas pour des rappeurs qui voudraient faire l’inverse.

À noter que c’est le groupe 1995, qui a grandement contribué au retour du RAP technique en France à partir des années 2010 en remettant au goût du jour la Boom Bap. D’ailleurs pour l’anecdote, le nom “1995” a été choisi par le groupe, car ils écoutaient tous beaucoup le rap des années 90 qui était largement dominé par la Boom Bap durant cette période.

On reconnaît donc un vrai rappeur technique par sa faculté à captiver l’auditeur sur une prod minimaliste par ses changements de flows qui se calquent parfaitement sur l’instru, en usant de rimes riches, de doubles sens, de multisyllabiques etc.

Cela vient donc démystifier une illusion bien connue qui est celle du rappeur technique juste parce qu’il adopte un flow rapide. Car comme le dit très bien Seth Gueko sur Titi Parisien :

“Cousin, rapper vite, ça veut pas dire rapper bien”.

À noter que cette line a été beaucoup vue comme une pique à Nekfeu, à tort, puisque le fennec lui-même se retrouve en feat sur le son.

Penser comme un artiste, et moins comme juste un rappeur

On peut donc se tourner vers le perfectionnement de notre technique pour se démarquer des autres et ainsi avoir un certain succès d’estime. Mais ce succès ne sera pas forcément commercial puisque le RAP dit “technique” n’a jamais été le plus mainstream, et s’adresse en priorité aux vrais amoureux de RAP et à des niches.

D’autant plus qu’aujourd’hui il a tellement de rappeurs, que ces niches sont déjà très bien pourvues en France avec des rappeurs comme Lesram, Deen Burbigo, Souffrance… Et bien sûr Alpha Wann qui fait peut être figure de meilleure rappeur français à l’heure actuelle.

Ces rappeurs sont tous excellents, très techniques, et ils ont un public solide, bien qu’ils ne disposent d’aucuns gros hits radios et qu’ils ne soient pas (ou peu) connus aux yeux du grand public.

Il paraît donc très compliqué à l’heure actuelle de seulement miser sur ses multisyllabiques pour espérer pouvoir sortir du lot et se faire une place dans le paysage du RAP francophone. C’est pourquoi il est conseillé de ne plus se focaliser seulement là-dessus et de diversifier sa proposition en ayant par exemple en tête une DA poussée et travaillée, une vraie vision dans laquelle notre intérêt en tant qu’artiste se placera plutôt sur notre voix, l’ambiance que l’on souhaite créer, notre choix de prods, les mélodies… Et pas seulement sur notre faculté à découper une prod.

Beatmaker Factory en a bien conscience et notre site vous permettra à coup sûr d’avancer sur votre Direction Artistique en vous mettant notamment en relation avec des beatmakers de qualités afin de multiplier vos collabs ;).

Ainsi, on peut être un rappeur à succès, sans forcément être technique, et il n’y a pas de soucis tant que l’on propose de la bonne musique. Les exemples sont nombreux et se multiplient ces dernières années, on peut citer par exemple SO la Lune ou bien Laylow qui sont clairement dans ce cas de figure.

Pour conclure, le RAP c’est de la compétition bien sûr et il faut cultiver ça, être le meilleur rappeur est un bel objectif, mais être le meilleur artiste est un objectif encore plus grand !

Maintenant il ne nous reste plus qu’à voir la notion de visibilité dans un ultime article, afin d’avoir le packaging complet pour se lancer au mieux dans le RAP.

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